Corrélation entre imageries et douleurs : on fait le point.

L'idée qu'il n'y a pas nécessairement de corrélation entre les résultats d'imagerie médicale et la douleur ressentie par le patient est un sujet complexe et bien documenté dans la littérature scientifique. Vous trouverez dans cet article quelques sources intéressantes sur le sujet.

SANTÉ

Matthieu CADARS

11/12/2024

black and white abstract painting
black and white abstract painting

Absence de corrélation entre l'imagerie et les douleurs ressenties par le patient :

L'idée qu'il n'y a pas nécessairement de corrélation entre les résultats d'imagerie médicale et la douleur ressentie par le patient est un sujet complexe et bien documenté dans la littérature scientifique. En effet, plusieurs études ont démontré que les résultats d'imagerie (comme les radiographies, l'IRM, ou les scanners) ne sont pas toujours directement associés à l'intensité de la douleur ressentie par les patients. Cette dissociation peut être particulièrement évidente dans certaines conditions comme les douleurs lombaires chroniques, les douleurs musculosquelettiques ou même certaines pathologies neurodégénératives.

Voici quelques exemples d'études qui traitent de cette question :

Étude 1 : "Imaging findings in patients with low back pain: are they related to pain?"

  • Source : European Spine Journal, 2011.

  • Résumé : Cette étude examine la relation entre les résultats d'imagerie et la douleur dans le cas des lombalgies (douleurs lombaires). Les chercheurs ont trouvé que, bien que les anomalies visibles sur les examens d'imagerie (comme les hernies discales, les arthroses ou les dégénérescences des disques) étaient courantes chez les personnes souffrant de lombalgies, elles ne prédisaient pas nécessairement l'intensité de la douleur ou le niveau de handicap des patients. De plus, certains patients avec des anomalies importantes à l'imagerie rapportaient une douleur relativement faible, tandis que d'autres, avec peu ou pas de changements visibles à l'imagerie, se plaignaient de douleurs sévères.

  • Conclusion : L'étude conclut que la douleur lombaire n'est pas toujours en corrélation directe avec les anomalies observées sur l'imagerie, et qu'un traitement basé uniquement sur les résultats d'imagerie pourrait ne pas être optimal pour tous les patients.

Étude 2 : "Association between imaging findings and pain in patients with osteoarthritis of the knee."

  • Source : Arthritis Care & Research, 2010.

  • Résumé : Cette étude a examiné l'association entre les résultats d'imagerie (radiographies et IRM) et la douleur chez des patients atteints d'arthrose du genou. Bien que les radiographies aient montré des signes évidents d'arthrose (comme des rétrécissements de l'espace articulaire et des éperons osseux), la douleur n'était pas toujours en corrélation avec l'ampleur des lésions visibles. En fait, certains patients ayant des radiographies et IRM sévèrement altérées ne se plaignaient pas de douleur importante, tandis que d'autres, ayant des images relativement normales, souffraient de douleurs sévères.

  • Conclusion : Cette étude suggère qu'il existe une dissociation entre les résultats d'imagerie et la douleur ressentie, ce qui remet en question l'idée que l'intensité des anomalies visibles sur les images reflète directement l'intensité de la douleur.

Étude 3 : "The relationship between MRI findings and pain in patients with lumbar disc herniation."

  • Source : Journal of Pain Research, 2019.

  • Résumé : Cette étude a exploré la relation entre les hernies discales observées à l'IRM et la douleur dans le bas du dos. Les résultats ont montré que bien qu'une hernie discale visible soit souvent associée à la douleur chez certains patients, chez d'autres, la hernie discale était asymptomatique. De plus, la taille de la hernie discale ne correspondait pas systématiquement à l'intensité de la douleur ou à la présence de symptômes neurologiques.

  • Conclusion : L'étude conclut que l'IRM ne peut pas être utilisée seule pour prédire la douleur ou la gravité des symptômes dans le cas des hernies discales. Il est donc important de prendre en compte d'autres facteurs, comme l'histoire clinique et l'examen physique, dans l'évaluation du patient.

Explication du phénomène :

Les résultats d'imagerie peuvent ne pas refléter de manière fiable la douleur ou la fonction physique d'un patient pour plusieurs raisons :

  • Variabilité individuelle : Chaque patient est unique, et des anomalies visibles à l'imagerie peuvent être présentes sans causer de symptômes chez certains individus. Par exemple, des signes de dégénérescence discale peuvent être visibles à l'IRM mais ne pas provoquer de douleur chez un patient particulier.

  • Facteurs psychologiques et émotionnels : La douleur est une expérience subjective influencée par des facteurs psychologiques, émotionnels et sociaux. Des personnes ayant un état émotionnel négatif, du stress ou de l'anxiété peuvent ressentir plus de douleur, même en l'absence d'anomalies physiques importantes.

  • Incongruence entre structure et fonction : L'imagerie montre la structure anatomique, mais elle ne peut pas rendre compte de la manière dont les tissus fonctionnent ni des sensibilités neurologiques spécifiques qui peuvent affecter la douleur. Par exemple, un problème au niveau des nerfs peut entraîner de la douleur, même si l'imagerie semble normale.

  • Pathologies silencieuses : Certaines conditions (par exemple, l'arthrose ou les hernies discales) peuvent se développer sans provoquer de symptômes cliniques immédiats. Inversement, des douleurs chroniques peuvent être ressenties sans signes évidents sur les images.

Ces études et analyses confirment que l'imagerie médicale ne doit pas être utilisée de manière isolée pour expliquer ou prédire la douleur d'un patient. Il est donc crucial de prendre en compte l'ensemble du contexte clinique du patient, y compris ses symptômes, son historique médical et ses facteurs psychologiques, pour une gestion efficace de la douleur.

Mise à jour le 12/11/2024

Matthieu CADARS

© 2024. All rights reserved.